Anthracnose de l’igname : un bio-agresseur aux identités multiples

Anthracnose de l’igname : un bio-agresseur aux identités multiples

On connaît tous l’anthracnose de l’igname, et son agent causal sous le nom de Colletotrichum gloeosporioides. Avec l'avancée des technologies de séquençage, il a été démontré au cours des 20 dernières années que ce champignon appartient en réalité à un complexe d'espèces, le complexe Colletotrichum gloeosporioides, qui comprend environ 50 espèces distinctes.

En 2012, des travaux de caractérisation phénotypique et génotypique de 5 souches provenant d’Inde et du Nigéria ont permis d’affirmer que la souche indienne de l'anthracnose de l'igname appartient à l’espèce Colletotrichum alatae, tandis que les souches nigérianes appartiennent à C. fructicola et C. siamense.

Les recherches du pôle Biologie d’ASTRO ont permis d’obtenir des séquences génétiques pour 22 souches guadeloupéennes associées à l'anthracnose de l'igname. L’analyse phylogéntique de celles-ci a permis d’identifier plusieurs espèces du genre Colletotrichum, notamment C. alatae (espèce la plus représentée), C. fructicola, C. tropicale, et C. queenslandicum, avec des souches indéterminées apparentées à C. tainanense. La méthode d’analyse bayésienne employée a en outre permis d'estimer la divergence de C. alatae à environ 5,5 millions d'années, coïncidant avec celle de son hôte Dioscorea alata, suggérant une co-spéciation. Des questions de recherche futures incluent les préférences d'hôte des différentes espèces de Colletotrichum sp., et leur potentiel d’adaptation au changement climatique.